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pix by Hervé KERNEIS

Je n’ai pour habitude de faire de la politique sur ce blog – ailleurs, je dis pas, mais là, on est ici… – mais il y a un sujet qui me chiffonne aujourd’hui.

Alors non, je ne vais pas me lancer dans un article de fond, avec une analyse toute en finesse, des liens vers des articles profonds et intéressants. Non, comme vous êtes en droit de l’attendre sur ce blog qui n’est qu’un « robinet d’eau tiède dédié a [ma] petite personne et à [mon] ego » * – à moins que ce soit le précédent ? – je vais parler de mon petit nombril.

Et mon petit nombril, il a compté.

Avec la nouvelle loi sur le jour de carence des fonctionnaires, déjà, je découvre la vie : je ne savais pas qu’il y avait trois jours de carence pour maladie dans la privé. Et ça me choque. (Non, pas de ne pas l’avoir su) (quoique…) Ensuite, je constate avec une certaine impuissance qui n’est pas sans me rendre coléreuse, qu’on utilise le prétexte de mettre tout le monde sur le même plan en s’alignant sur la pire situation des deux… Et qu’en plus ça ne met rien du tout sur le même plan puisque le privé se retrouve dans une situation encore pire (passage à 4 jours) et le public dans une situation inédite.

Enfin, je suis lasse, profondément lasse, qu’on se foute encore de ma gueule tape toujours sur les mêmes. « Les mêmes » aux sens large, les 99%.

Mon nombril et moi allons prendre un échelon et notre augmentation va nous permettre de payer la hausse des impôts. On me dit que moi, enseignante, fonctionnaire, on a gelé mon indice de salaire mais que je devrais m’estimer contente parce qu’on n’a pas diminué ma paie.

Mais voyons… Prenons, au hasard, une année scolaire. Toujours au hasard, prenons la mienne. L’an dernier parce que c’est plus facile d’envisager une année dans son ensemble une fois qu’elle a fini de s’écouler (j’ai une logique très mathématique pour une littéraire, tu trouves pas ?).

Donc l’année dernière, si cette nouvelle loi avait été en vigueur, j’aurais perdu 4 jours de paie. Pas de baisse de salaire, nous disions donc…

Comptons : l’année dernière, j’ai été absente… 4 jours. Une fois pour une crise d’épilepsie, deux fois pour des gastros, une fois pour une bronchite.

Non, je ne me suis pas perdue dans mes comptes : je n’ai bien raté qu’un seul jour pour mes gastros et ma bronchite. C’est à dire que j’ai été absente seulement au plus fort des symptômes et que je suis allé bosser les autres jours. Pas parce que le médecin ne voulait pas me donner de jours supplémentaires, pas parce que j’étais 100 % guérie non plus. Non, juste parce que je me sentais en état d’assurer ma fonction auprès de mes élèves après un unique jour de repos et que j’allais là où j’estimais devoir être.

A quoi est censé m’inciter cette loi, alors ? Demander d’avantage de jour de congés à mon médecin ? C’est moi qui les refuse, ces jours supplémentaires. Je reprends le boulot avant l’expiration du congés maladie la plupart du temps. Ou alors je préviens mon médecin que ça ne sert à rien de m’en donner d’avantage, que j’irai au collège quand même.

Alors ? Alors là, moi, ça m’incite plutôt à ne pas prendre l’unique jour de repos qui me permettait d’assurer les jours suivants. ça m’incite à pousser mes limites, à prendre mes élèves en charge alors que je sais que je ne suis pas en état de le faire, ça m’encourage à assurer mes cours avec 38,5 de fièvre, à gérer mes élèves avec une bassine sous la banque de prêt au cas où je n’ai pas le temps d’arriver à l’étage quand me vient la gerbe. Et là où un jour suffisait à me rendre opérationnel, combien de jour me faudra-t-il pour me remettre d’aplomb ?

Ou alors mon patron (oui, l’Etat, tu sais) attend-t-il que je pousse la conscience professionnelle jusqu’à me remettre d’une gastro, une bronchite ou n’importe quelle autre saleté que je ramasse auprès de mes élèves (et oui, vous croyez que je les sors d’où, les microbes et les virus ?) en prenant une journée sans solde pour revenir assurer mon service dès le lendemain ?

Merci patron mais j’ai pas les moyens. Je perds déjà trop de jour en faisant la grève.

Notes de bas de page :

– * Les propos ne m’appartiennent pas mais j’attends qu’on me réclame des droits d’auteur.

– En tant qu’épileptique, est-ce que je peux évoquer une discrimination ? Parce qu’avec la meilleur volonté du monde, je peux pas gérer mes élèves en cas de crise et, bordel, c’est pas ma faute.

T’as le droit de dire que je suis trop conne de pas prendre 5 jours pour une gastro aussi.