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pix by Simon Bonnaventure
Demain, je commence (et termine, a priori, puisque je pars le lendemain) mes bagages. Exercice périlleux s’il en est. Établir l’équilibre entre le « j’ai envie », « je peux », « je dois » est un Art dans lequel il me reste de solides progrès à faire.
Pas besoin d’avoir un psy pour savoir que je n’aime pas les changements. En particulier quand ceux-ci rompent avec tout ce qui m’est familier.
Je suis de nature accumulatrice. Je conserve, garde, amasse, entasse… Il suffit de mettre l’ongle d’un orteil chez mes parents pour comprendre l’origine de cette névrose. Le vide m’a toujours effrayé. Je remplis, j’emplis. Pas étonnant, dans ces circonstances, que j’ai été boulimique, hein ?
Par ailleurs, je suis une anticipatrice. Ce qui ne m’empêche pas procrastiner, notez. Parce qu’anticiper, ça se passe dans la tête : j’imagine tous les scénarios possibles. J’imagine même les scénarios impossibles, dessine les contours, les peaufines, les emballe avant d’y attacher une étiquette « ne se réalisera jamais ». Une fois que j’ai mes scénarios, rien ne m’oblige à ne pas remettre à demain ce que je dois faire. Surtout comptant le temps que je passe à me préparer à ce qui va se passer. Mais quand il s’agit de préparer une valise, j’ai l’échéance du départ qui me pousse au cul. Mais va faire des bagages quand dans tes scénarios possibles il y a « Au retour, un troupeau de musaraignes peut s’échapper d’un pré et s’égarer sur la voie et le TGV prendrait plus de 6 heures de retard parce que c’est pas facile d’attraper des centaines de musaraignes » (vous êtes prévenus, ne jouez jamais au Cluedo avec moi) donc que j’ai envie de prendre de quoi occuper 6 heures de train arrêté…
Pour facilité l’exercice, je suis quelqu’un qui s’attache facilement aux objets, au point de leur donner des noms pour beaucoup. J’ai toujours donc envie de remplir 8 valises et demi. L’exercice des bagages consistant à réduire l’ensemble à la demi valise, voyage en train oblige.
Livres mis à part, j’aurais envie de prendre…
… mon ordinateur, bien entendu. Répondant au doux nom de Joshua, c’est la 3e pièce de notre F2, celle de ma vie en ligne. Joshua, c’est vous. Malheureusement, pour les « vacances » (pardon, le mot grince, les guillemets aident à faire passer la pilule), on me demande d’abandonner mon costume de geekette (franchement, tu m’as vue en geekette ?) et d’être le plus présente possible. Je laisse donc, durement, Joshua à la maison.
… C’est là qu’intervient Absolem, mon téléphone portable. Alors naaaaan, j’ai pas un I-truc, ni un BB, ni quoique ce soit de tactile, intuitif, rapide, navigable et convivial. Absolem, c’est le degré -1 du smartphone mais je peux quand même lire, grâce à lui, mes mails et tweeter à condition que mes followers soient indulgents avec les fantaisies du correcteur orthographique. Et en plus, il téléphone et il envoie des SMS donc je pourrai jouer au jeu du « Joyeux Noëëëël à toi aussi ! » en même temps que je ne sais combien de millions de crétins Français à minuit le 24. Il fait également réveil mais en « dormant » dans la même pièce que mes parents, j’aurais plutôt besoin qu’il fasse boules quiès.
… stylos, papier. Je ne suis pas très regardante sur les stylos à partir du moment où je n’ai pas besoin de me battre avec eux pour obtenir des lettres pleines. En ce moment, mon coeur balance pour un bic Haribo acheté à Uzès, à l’usine du bonbons. Ridicule, certes, mais une glisse agréable. Papier, c’est sous des tas de formes. Mon agenda politico-perso-professionnel dont je ne me sépare peu ou pas. Pourtant, j’ai en tête tout ce qu’il contient. Mais j’ai besoin de lui. C’est un peu un doudou, sauf que c’est pas pratique pour faire des câlins. J’ai des calepins. Des petits lignés relié qui ferment avec des élastiques, des banals rigides aux pages en format moyen, de minuscules carnets à spirales aux couvertures fantaisistes, de grands carnets flexibles qui se ferment avec des aimants, des cahiers ouverts aux quatre vents aux pages à carreaux… Et on peut continuer en mélangeant dans chaque phrase les formats, types de pages, de couvertures, de fermetures… Je ne parlent même pas des blocs et des feuilles volantes… L’idée, c’est que je ne peux être bien que si je sais que j’ai de quoi répondre à un besoin impérieux d’écrire. Même une phrase. Où que j’aille, il me faut au moins un semblant de stylo et quelques bouts de papier. Là, je pars plusieurs jours donc c’est au moins un bloc ou un cahier et plusieurs stylos. Puis des cartes, du papier à lettre, des timbres, ce genre de truc aussi.
… mes peluches. J’ai commencé bébé, je n’ai jamais arrêté. J’en ai dans plusieurs formats mais pour les voyages, j’en ai deux toutes petites qu’on appelle « les peluches de sac » parce que l’idée, c’est qu’elles sont peu encombrantes donc peuvent rester dans un sac à main. Ce qu’elles font la plupart du temps.
… mon appareil photo. Avec lui, c’est l’amour en dent de scie qui va et vient avec l’inspiration. Celui que j’ai actuellement est un cadeau de Celuiquim’accompagne. Il a une énorme valeur sentimentale même s’il commence à vieillir. Il pèse le poids d’un poulain nouveau né, fonctionne avec des piles et a l’art de tomber en panne de batterie à l’instant où j’ai le cliché du siècle dans mon viseur mais je l’adore quand même. Bien que je prenne peu de photos en ce moment, je sais que mon appareil peu sauver mon séjour : prétexte pour sortir, excuses pour être restée longtemps dehors mais aussi l’indispensable pour se donner une contenance pendant les repas de famille. Ma cousine fume trois paquets de clope, moi je remplis deux cartes mémoires…
… mon sac. Pour y fourrer mes stylos, mon agenda, mes calepins, mes peluches, mon appareil photo, ma vie, quoi.
Note de bas de page :
– Faites moi penser à prendre les cadeaux de Noël…